Comment devenir doula ? Quelle formation ?
Préambule
Voilà plus de 17 ans (en 2022, date de cet article) que j’ai découvert le métier de doula et que je l’exerce. Depuis de nombreuses années je forme également des doulas en devenir, je les accompagne dans leurs débuts, je réponds aux personnes qui se questionnent sur cette profession.
Je suis très régulièrement sollicitée sur le sujet des formations, sur ma manière d’exercer, sur mon parcours. Vous trouverez dans cet article une réflexion personnelle sur cette interrogation qui revient régulièrement : « Faut-il se former pour être doula ? », avec je l’espère des pistes pour développer vos propres réflexions sur ce sujet.
L’article suivant « Enquête métier : doula, accompagnant·e en périnatalité… » vous donnera un aperçu plus général sur mon cheminement et mon quotidien de doula.
Faut-il une formation pour devenir doula ?
À ce jour, en France, il n’y a aucune nécessité à avoir une formation pour exercer en tant que doula. Donc la réponse simple à cette question est « non » !
On peut également répondre « non » quand on se base sur la définition première de ce qu’est une doula : « une personne, présente au moment de la naissance, sans connaissance particulière et dont le seul rôle est d’être là, auprès de la celle qui accouche ».
Cependant, être doula, aujourd’hui et en France, va bien au-delà d’une « simple présence » au moment de l’accouchement.
Le coeur du métier de doula est même la plupart du temps bien ailleurs que ce jour-là : les doulas entrent parfois dans la vie des femmes, des familles dès le désir d’enfant (voire encore plus tôt), en préconception, en prénatal, le jour de l’accouchement, en postnatal. Leur présence est aussi possible dans bien d’autres changements de vie au sens large : fausse-couche, adoption, IMG, IVG, AMP, deuil périnatal, difficulté maternelle, mais aussi premières règles, déménagement, séparation, maladie, fin de vie, deuil… et tellement d’autres moments encore !
Alors… cette « simple présence » est-elle si simple ? Est-il si simple d’écouter l’autre pleinement sans projeter sa propre histoire, ses propres peurs, ses propres attentes, croyances ? Est-il si simple d’ouvrir son coeur, ses oreilles et juste se taire pour laisser l’autre cheminer et aller vers ses propres choix ? Est-il si simple d’être pleinement en confiance sans être tenté·e de raconter sa propre vie, de donner ses propres conseils ? Est-il si simple d’être présent·e à l’autre, quoi qu’il arrive, quoi qu’il se passe ?
J’aime pour ma part, décrire mon métier comme un « art de la présence »… Oui un art ! Tout en subtilité, en finesse, en douceur, en humilité…
L’humilité justement… Il y a quelques années, quand on me demandait la qualité essentielle d’une doula je répondais « écoute, respect, tolérance… » Alors oui bien sûr c’est toujours le cas, ces qualités sont indispensables. Mais aujourd’hui le premier mot qui me vient c’est « humilité » ! Une humilité qui permet de se remettre en question, de savoir que rien n’est acquis, mais qui n’empêche pas d’oser pleinement être doula. Une humilité qui fait que l’on sait qu’on ne saura jamais, qu’on ne sera jamais parfaite mais que l’on fera toujours de son mieux.
Une doula qui assurerait sans aucune nuance que la formation ne sert à rien, c’est pour moi déjà contraire à la définition même de ce métier… Car ce métier est justement tout en nuances, un métier loin d’être facile à expliquer tant qu’on ne l’a pas vécu, un métier qui mérite d’être revisité, un métier qui nécessite de ne pas rester sur ses acquis… Et donc l’humilité fait qu’une doula continuera toujours à se former, à réfléchir sur sa pratique… et à savoir lâcher aussi tout ce que elle sait : un savant mélange d’apprentissage et de désapprentissage, en conscience, pour « simplement » ÊTRE présente… ÊTRE doula !
Au fond de moi donc, ma réponse première c’est « non, il n’y a pas besoin de formation pour devenir doula », il suffit d’être, d’avoir en soit simplicité, présence, disponible, écoute, humilité… Et voilà que je ne suis plus d’accord avec moi-même, puisque cette humilité amène forcément à se remettre en question, à ne pas rester sur ses acquis et donc « oui, une formation est nécessaire pour devenir doula« .
Se former pour devenir doula, cela veut dire quoi ?
- Un temps seul avec soi-même, en prenant des notes sur son cahier, en laissant ses pastels gras courir sur une feuille de papier Canson, en allant se balader, méditer, tout en gardant en tête « où j’en suis dans mon métier de doula »
- Des lectures, des documentaires, des films, des podcasts… il y a énormément de moyens de compléter ses connaissances avec les techniques et médias actuels…
- Des formations « classiques » : courtes, longues, à distance, en présence, terre-à-terre, holistiques, spirituelles, scientifiques… et parfois même un mélange de tout ça ! Sur la périnatalité mais pourquoi pas la création d’entreprise, la fin de vie, la méditation, la cuisine si c’est ce qui ME fait du bien, ME correspond et me permettra de nourrir ma pratique, de me sentir mieux en tant que doula !
- Des échanges avec d’autres personnes qui exercent aussi ce métier ! S’il fallait ne pas oublier une source précieuse pour se former, pour moi ce serait celle-ci ! Le métier de doula raconté par d’autres doulas, comment elles ont commencé, comment elles ont appris, comment elles se sont trompées, comment elles ont su… Leur parler, les écouter, s’inspirer de leurs manières de faire et d’être… Et je dis bien « doulas » au pluriel car il n’y a pas une seule manière d’être doula, chacune à ses propres couleurs. Et heureusement que cette pluralité existe ! Avec autant de manières d’être doulas, que de manière d’être humain.
Quelle est la meilleure formation pour devenir doula ? Comment choisir ?

- Est-ce le bon moment pour moi ? Est-ce que cela vaut le coup d’aller vite ou bien d’attendre un peu ?
- Quelle genre de formation me convient ? Comment est-ce que j’aime apprendre ?
- Qu’est-ce que je cherche dans une formation pour devenir doula ? De quoi ai-je besoin ?
- Est-ce que je préfère être en présence, à distance ?
- Quel budget puis-je y consacrer ?
- Qui sont les formatrices·eurs ? Des doulas ? D’autres professionnel·les de la périnatalité ou de l’accompagnement ?
- Quelle est leur expérience du métier de doula ? Depuis quand exercent-elles ce métier ? Comment en vivent-elles ?
- Combien y a-t-il de participant·es par session ? Combien de formatrices·eurs ? D’intervenant·es ?
- Est-il possible d’échanger avec l’équipe de formation ? Avec d’ancien·nes participant·es ?
- Quelles méthodes pédagogiques sont utilisées ?
- Est-ce qu’il y a des évaluations, des stages ? Sous quelles formes ?
- Est-ce qu’il y a un accompagnement au lancement de son activité ? Du soutien pendant et après la formation ?
- Est-ce que l’organisme a fait des démarches pour être référencée auprès d’associations professionnelles de doulas ou accompagnantes à la naissance ? (Association Doulas de France, AFMAN en France, AFBD en Belgique, EDN en Europe, AQD au Québec…)
- Comment c’était pour toi ?
- Qu’as-tu aimé ? Qu’as-tu moins aimé ?
- Quelles qualités, quelles défauts vois-tu dans cette formation ?
- Qu’est-ce que tu y as trouvé d’essentiel ? Qu’est-ce qui t’a manqué ?
Quelles formations de doula recommander ?

Le Centre Galanthis
Organisme dont je suis cofondatrice et l'une des 5 formatrices. De fait, serai-je objective ;-) ? Je vous invite à contacter les personnes qui ont suivi notre cursus, ce sont elles qui en parlent le mieux. Je pense que nos points forts sont une pédagogie assez innovante (beaucoup de transmission, des exercices corporels et créatifs, un début de pratique en tant que doula déjà tout au long de la formation à travers des mises en situations...), des petits groupes (au maximum 16 personnes par module), la pluralité de parcours et de compétences des formatrices et intervenant·es, le présentiel, le souhait d'accompagner les futures doulas sur le chemin comme nous accompagnons les futurs parents : être à leurs côtés quels que soient leurs besoins, quel que soit leur chemin. Et montrer notre métier "par l'exemple", en nous considérant comme "des doulas au service des doulas". L'approche centrée sur la personne étant au coeur de notre transmission.

L'Institut de formation Doulas de France
Cet institut reste ma grande source d'inspiration, ma première "vraie" formation, dont les valeurs sont les mêmes que celles du Centre Galanthis. Cette formation se base également sur l'approche centrée sur la personne, la relation d'aide, elle ouvre une grande part aux mises en situation et propose de mener un travail de fin d'étude sur le thème de son choix, en petit groupe. Elle permet d'aborder un grand nombre de thématiques, un cursus très complet, du prénatal au postnatal en passant par l'allaitement, la difficulté maternelle, le deuil périnatal et bien d'autres sujets encore...

Le Centre Pleine Lune
J'ai suivi cette formation dans un contexte particulier : n'ayant plus spécialement "besoin" de connaissances, mais plutôt de temps pour moi, de prendre du recul sur ma pratique, sur comment je vivais ce métier, et d'être à nouveau dans le plaisir de recevoir plutôt que de transmettre. Et ces journées de formation par Isabelle Challut ont été à la hauteur pour répondre à ces besoins-là. J'ai re-découvert mon métier, je me suis laissée emmener par la voix d'Isabelle, par ses témoignages et par cet "art de la présence" qu'elle incarne pleinement ! La formation (doula niveau 2) mélange à la fois apports pratiques, temps de relaxation, exercices corporels, je l'ai perçue tournée principalement sur la naissance, l'accouchement. Quant au séminaire "Accompagner la vie", il n'y a aucun mot qui puisse le décrire tant cela m'a été transformateur, doux, apaisant, intense...

La Session d'Information Positionnement et Éthique de la Doula (SIPED)
Exception qui confirme la règle, il ne s'agit pas ici d'une véritable formation, mais d'une session de deux jours très complets sur le métier de doula. La première journée aborde principalement le cadre légal en France, la définition du métier, la posture, les limites, les valeurs d'une doula. La seconde journée est l'occasion de (re-)découvrir l'écoute active et le savoir être de la doula. C'est un excellent moyen de s'immerger dans le monde des doulas, de savoir si ce métier est fait pour soi, de se poser des questions sur la manière dont on souhaite l'exercer, dont on souhaite se former... ou pas ! Cette SIPED est proposée par l'association Doulas de France, sans prosélytisme aucun à rejoindre l'association ni à effectuer telle ou telle formation. C'est une véritable ouverture au métier et un moyen de nourrir sa réflexion sur son cheminement pour devenir doula.