Enquête métier : tout savoir sur le métier de doula, d'accompagnant·e en périnatalité en France
Le questionnaire Pôle Emploi !

Eqnuête sur le métier de doulaPréambule

Régulièrement sollicitée pour partager sur le métier de doula que j’exerce depuis 2005 à Lyon, je n’ai malheureusement plus le temps de répondre à toutes celles et ceux qui se questionnent. Il me faudrait un mi-temps rien que pour cela ;-).

J’ai donc choisi de rassembler dans cet article la plupart des questions qui me sont posées par les personnes qui découvrent le métier de doula en France, parfois à l’occasion d’une reconversion accompagnée par Pôle Emploi (nouvellement France Travail).

Si vous souhaitez que je développe un peu plus certains de ces points, si d’autres questions vous viennent, vous pouvez m’adresser vos idées par mail à contact [at] nayane [point] fr.

Un autre article pourrait également vous intéresser pour compléter cette « FAQ doula » : « Comment devenir doula ? Faut-il une formation ? »

PS : vous êtes déjà doula et aimeriez partager vos propres réponses, contactez-moi !

Trouver les mots pour décrire ce métier est un véritable challenge… Un accompagnement par une doula « se vit » bien plus qu’il ne « s’explique »… Ce que propose une doula est vraiment peu habituel dans notre société. La plupart des personnes que nous rencontrons expérimentent souvent cela pour la première fois.

Voilà cependant un texte dans lequel je raconte ma manière d’être doula. N’hésitez pas à parcourir d’autres sites de doulas, à les questionner, chacune aura sa manière de décrire son métier.

J’ai 2 bac en poche, j’ai « fait prépa » puis une école d’ingénieur en physique-électronique pour commencer par travailler dans l’informatique et le web. Mais vraiment cela n’est pas du tout utile pour devenir doula !

Mon chemin de doula a réellement commencé en 2004, j’ai rencontré des femmes qui exerçaient déjà ce métier. À cette époque, l’offre de formation pour les aspirantes doulas était quasi inexistante (une école d’accompagnante qui a refusé mon dossier – et avec le recul je l’en remercie-, une école avec une approche plutôt thérapeutique qui n’était pas ce que je cherchais), si bien que j’ai d’abord appris énormément en observant et écoutant ces femmes qui me racontaient leur métier, me partageaient leurs expériences, leurs questionnements, leurs réussites, leurs échecs… Je crois que cela a été ma meilleure école, formée directement et en « cours particulier » par les premières doulas en France ! J’ai ensuite suivi les journées d’in-formation de Michel Odent et Lilianna Lammers, et une première approche à la CNV et la relation d’aide auprès de Catherine Dumonteil-Kremer. J’ai aussi beaucoup lu et me suis énormément investie au sein de l’association Doulas de France.

En 2008, cinq d’entre nous avons cofondé l’Institut de formation Doulas de France (association « amie », mais indépendante de Doulas de France), j’en ai été trésorière quelques années, j’y intervenais aussi parfois pour transmettre ce beau métier. Et, lorsque la première session lyonnaise a pu se lancer en 2010, j’ai également pris la place d’étudiante au sein de l’institut afin de compléter les thématiques manquant à mon parcours.

Je suis donc doula depuis 2005 environ même si ce métier était déjà en moi auparavant et si je l’exerçais un peu déjà « sans le savoir ». J’ai toujours gardé en parallèle mon métier d’ingénieure web, j’ai continué à développer des sites internet et à proposer de la formation dans ce domaine.

Ce qui m’anime profondément aujourd’hui dans ce métier-passion c’est de pouvoir créer du lien : du lien entre femmes, entre parents, entre familles, avec les professionnel·les de santé et de périnatalité, et surtout du lien entre doulas. Voilà plusieurs années déjà qu’on me surnomme parfois « la doula des doulas », j’aime en effet accompagner les personnes qui découvrent et se lancent dans ce métier, être présente dans leurs débuts, leurs premiers accompagnements, leurs choix de telle ou telle formation. Et c’est aussi pour cela qu’en 2020, j’ai cofondé un autre organisme de formation : le Centre Galanthis, qui forme au métier de doula et d’accompagnant·e, aux métiers du lien en général.

Je continue d’accompagner quelques familles par an, ce qui me permet d’exercer encore tout en menant en parallèle ces autres projets de formation ou de créations web qui me tiennent à coeur.

Se rendre aux rendez-vous, écouter, écouter, écouter, informer, créer du lien, soutenir, mettre en réseau…

La plus grande responsabilité me semble être celle de ne pas transmettre sa propre histoire, ses peurs, ses attentes, ses envies… Et donc se faire « page blanche » pour accueillir ce qui nous sera partagé, être aux côtés de cette femme, cet homme, cette famille, cet enfant… sans devancer, sans conseiller, sans choisir à leur place.

À mon sens cette conscience de notre responsabilité, de notre impact possible est cruciale. Il est tellement facile, même sans le vouloir, en quelques mots, en un geste, en une parole, de blesser l’autre, de lui faire perdre confiance, de le faire douter, de lui imposer un choix qui n’était pas le sien…

Chaque mot, chaque attitude a son importance dans ce métier d’accompagnement, en prendre conscience est essentiel !

Cela est très doula-dépendant ! L’avantage (et l’inconvénient ;-)) de ce métier est qu’il offre une grande liberté d’exercice… Certaines seront plus présentes sur les questions de fertilité ou sur le postnatal, sur l’adoption ou sur la difficulté maternelle, certaines auront d’autres « cordes à leur arc » : massage prénatal, portage, allaitement, sommeil… Tout est possible et tout est à inventer !

La plupart des doulas ont sans doute des journées, des semaines avec une organisation bien différente de la mienne, chacune ayant sa propre manière d’être doula.

De la manière dont j’exerce je n’ai pas de journée type, ni même de semaine type. J’ai choisi de ne faire que quelques accompagnements par an car c’est suffisant pour moi, et car au-delà je ne serai plus une « assez bonne doula », plus assez disponible et présente pour exercer au mieux. J’ai donc beaucoup de journées sur d’autres projets, sur mes autres métiers, et parfois un rendez-vous, qui dure en général entre 1 h et 3 h selon les circonstances et les besoins. J’ai parfois des temps au téléphone, en visio ou en audio. Je fais un peu de recherche si besoin sur un sujet précis pour lequel telle famille a besoin d’information. Et puis plus rarement, il y a ma présence pour une naissance, pour laquelle on sait à quelle heure on part mais pas quand on revient !

Les principaux statuts possibles sont :

  • indépendant·e en micro-entreprise,
  • salarié·e en CESU,
  • salarié·e en CAE
  • association

Les horaires peuvent être extrêmement variables et chaque doula peut définir ses propres horaires, choisir d’être présente ou non aux accouchements, à quel rythme…

Le périmètre d’exercice est là aussi défini par chaque doula selon ses propres limites. En général ce métier s’exerce principalement au domicile des personnes accompagnées, à chacun·e donc de choisir jusqu’où elle ou il souhaite se déplacer.

  • humilité,
  • écoute,
  • respect,
  • ouverture d’esprit,
  • ouverture à l’autre,
  • tolérance,
  • intérêt pour « les autres » : les autres cultures, les autres genres, les autres manières de vivre sa vie,
  • remise en question,
  • autonomie,

Là encore il n’y a pas une seule réponse à cette question. Chaque doula peut choisir son niveau de rémunération qui est libre. Ce qu’elle gagne dépend : du statut choisi, du temps consacré à son activité, de ses tarifs…

Une rencontre peut varier entre 1 h et 3 h, elle peut avoir lieu en présence ou à distance, le « bénéfice » pour la doula dépendra du coût du déplacement, de son statut… En général, le tarif varie entre 20 et 50€ / heure. Les forfaits de présence à l’accouchement peuvent osciller entre 200 et 400 €.

Une doula peut également proposer des ateliers ou temps de rencontre en groupe, la rémunération sera de fait différente.

Ce métier est en constante évolution depuis son émergence en France au début des années 2000. Le métier étant de plus en plus connu, l’intérêt pour cette profession est de plus en plus flagrant ces dernières années et de nombreuses personnes se forment et s’installent en tant que doula.

En parallèle le métier est de plus en plus connu également auprès du public : le travail de longue haleine des premières doulas en France porte ses fruits et a pu faire des petits, les réseaux sociaux, les podcasts et différents médias permettent un véritable essor de la demande du côté des parents et futurs-parents.

Ce métier, s’il se joue dans le domaine de la naissance, n’est pas pour autant rose ou bleu layette. La maternité, l’accouchement, le postnatal, la parentalité ne ressemblent pas tous les jours à la couverture papier glacé des magazines !

Enfanter est forcément transformateur… Donner la vie est un passage à la fois si universel et si unique… et lorsque l’on accompagne autour de la naissance, on ne peut ignorer qu’à l’autre bout de cette vie, il y a la mort, et qu’elle fait partie du paysage, qu’elle vient questionner et participer sans doute à cette transformation elle aussi…

Être doula c’est être témoin de l’histoire des femmes, des personnes que l’on accompagne, témoin de la Vie et de son flot de joies et de déceptions, de rires et de stress, de bonheurs et d’angoisses, de paix et de violences…

Alors, il y a des jours où entendre ces histoires est difficile, voire très difficile.

Ce qui permet de continuer, de « gérer », pour moi c’est connaître mes limites, c’est savoir me ressourcer, retrouver mon ancrage, être formidablement bien entourée… Et la formation me semble là aussi indispensable pour acquérir ce genre d’outils, l’expérience aussi, les témoignages d’expérience des autres également…

Pour ce qui est des tâches difficiles, c’est autour de l’accouchement que cela peut être le plus physique : soutenir, masser, porter…

J’aime dire que « la meilleure doula » n’est pas celle qui fait tout parfaitement, mais celle qui se connait le mieux, qui connait le mieux ses limites, ses besoins…

J’aime tout ! C’est un métier passion, j’aime ses hauts, j’aime ses bas, j’aime son intensité, j’aime être au cœur du vivant… jusqu’au bout…

Ce métier peut changer le monde !
Je suis persuadée que si tous les bébés naissaient en étant respectés, si toutes les femmes enfantaient en étant respectées, le monde ne serait plus le même…
Et je suis également certaine que si chaque personne sur Terre avait une doula dans sa vie, là encore l’humanité s’en porterait tellement mieux !

  • Suis-je prête à exercer un métier de « pionnière », dont la reconnaissance à ce jour est plutôt officieuse, souvent en ligne de mire… mais un métier qui laisse de fait pas mal de liberté dans sa pratique ?
  • Ai-je conscience que ce métier n’est pas « comme les autres » ? Qu’il s’agit d’un métier d’entrepreneuse, pour lequel il faut « créer son job », loin du traditionnel « métro-boulot-dodo-salaire à la fin du mois » ?
  • Suis-je prête à entendre, à être témoin d’histoires difficiles ?
  • Suis-je prête à avoir beaucoup de hauts et beaucoup de bas ? Parfois dans la même journée.
  • Puis-je trouver la disponibilité nécessaire pour créer mon activité ?
  • Est-ce que j’ai envie d’entendre parler de grossesse, de naissance, de postnatal, de bébés toute ma vie professionnelle ?
  • Est-ce OK pour moi de travailler principalement seule et en autonomie, d’être créatrice de ma propre activité ?
  • Suis-je capable de travailler en réseau ?
  • Est-ce que ce que j’imagine derrière ce métier c’est vraiment « doula » ?… Cette dernière question, parce que parfois c’est plutôt animatrice d’ateliers en parentalité/féminité/périnatalité, monitrice de portage, consultante en sommeil, praticienne en massage bébé, consultante en allaitement… et tout cela ce sont d’autres métiers, parfois un « plus » ou une autre casquette pour certaines doulas, mais pas le coeur du métier, qui est celui de la présence et de l’écoute.
Belle route à vous !